A la frontière de plusieurs métiers, celui de recruteur reste paradoxal et mystérieux par sa nature et son contenu. Là où tout un chacun s’improvise un jour recruteur, ce métier est faussement simple et possède ses codes, son éthique et ses niveaux de compétences. Nos conseils pour exceller et durer.

Juridique, marketing, vente, coaching et psychologie = all in 1.

Voici en toute simplicité la composition du métier de recruteur. Un brin complexe !

La pratique est de mise car ce métier ne s’apprend pas dans les livres, ni sur les bancs de l’école. Il s’acquiert jour après jour au contact de recruteurs expérimentés, tirant eux-mêmes leur enseignement des plus seniors. Une formation en cascade, proche de l’artisanat.

Les débuts en recrutement ne sont pas simples et nombre de jeunes recruteurs s’essoufflent et volent vers d’autres horizons après quelques années seulement. Les compétences demandées sont conjuguées au pluriel et sont souvent attendues – à tort peut être – dès le commencement. Le droit à l’erreur est peu admis dans cette profession et la crédibilité professionnelle du consultant peut être rapidement remise en question.

Etape par étape

Le volet juridique, les techniques de recherche ainsi que la maîtrise de l’entretien de recrutement sont probablement les aspects les plus importants pour l’apprentissage initial du métier. Lorsque l’on sait que la rupture d’un contrat « d’un commun accord » n’existe pas à Luxembourg, il y a lieu d’approfondir le sujet. En douceur, certes, mais il faut lever les doutes.

De la même manière, observer une certaine posture est essentiel pour garder le formalisme de la discussion sans en devenir austère. L’observation, la prise de notes, l’anticipation des questions suivantes, la direction de l’entretien ; tous ces aspects requièrent une certaine dextérité. Il n’est pas rare de voir que les rôles s’inversent et que le candidat devienne celui qui mène l’interview au dépend du recruteur !

L’art de poser des questions et assurer sa voix

Si la lecture du CV est le B.A.-BA du jeune recruteur, l’art de poser des questions pertinentes n’est pas toujours inné et demande de la préparation. Et le résultat est parfois aléatoire. Pas de panique ! Le premier entretien est souvent vécu comme un pur instant de solitude où le recruteur peut être aussi stressé que le candidat ! Eviter d’induire, se garder de juger et poser des questions suffisamment ouvertes et neutres pour obtenir des réponses avec un minimum d’arrière-pensées demande une certaine fluidité dans l’interaction avec autrui.

Connaître son marché

La maîtrise du métier de recruteur, telle le bon vin, excelle avec le temps. La compréhension de l’économie, la connaissance du marché de l’emploi, des métiers et de ses acteurs économiques sont des éléments essentiels pour conclure les mandats avec succès. Etre reconnu comme partenaires de choix par les entreprises et par les départements des ressources humaines demande l’apport d’une réelle valeur ajoutée. Spécialiste ou généraliste, l’important est de bien connaître son marché.

 Quelle technique ?

Technique d’entretien, technique de sourcing… le mot technique revient souvent dans le champ lexical du recruteur sans pour autant revêtir le sens propre du terme. En effet, il existe une structure d’entretien dont la finalité est précise. L’entretien peut être mené de manière chronologique, biographique ou encore par compétences. Ce dernier est de loin le plus complexe, car il demande une réelle agilité du consultant et la parfaite connaissance des métiers. Il permet d’obtenir du candidat des réponses riches et authentiques, évitant ainsi un discours formaté ou des réponses toutes faites. Cette méthode qualitative a un coût car de tels entretiens dépassent de loin le temps habituellement consacré à un entretien dit « normal ». Toutefois, on va plus loin.

Ne jouons pas au psy avec nos candidats !

Un piège dans lequel le plus empathique d’entre nous pourrait tomber. Ne confondons pas les rôles, un entretien n’est pas une séance de psychologie. Parmi les quelques centaines d’entretiens menés en une année, le recruteur va rencontrer des personnes ayant eu parcours fragilisé par des épreuves délicates. Ne s’improvise pas psychologue qui veut et en cas de doute, une toute autre posture est à adopter. Il est essentiel de conseiller son candidat et de le recommander à un professionnel le cas échéant.

Néanmoins, quelques notions en psychologie sont plus qu’attendues de la part du recruteur. A commencer par la maitrise des biais. Les connaissez-vous ? On en compte au moins 12 ! Repérer ses propres biais personnels est un exercice intéressant à mener pour la découverte de soi. Il permet de franchir une étape importante pour garder en tête un adage de base : rester objectif dans un monde de subjectivité !

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